Art de la distillation

La distillation est une technique ancestrale qui a évolué et s’est perfectionnée avec le temps. Il en existe plusieurs méthodes, propres à différentes conditions et selon les plantes que l’on souhaite distiller.  Selon la méthode choisie, on utilisera un matériel approprié, et les techniques spécifiques qui en découlent. Viendra ensuite l’analyse du résultat obtenu avant la mise en bouteille elle-même.

Distiller est un savoir faire ancestral, subtil mélange de maîtrise technique, de connaissance du terroir et des plantes, d’observation et de respect de la nature.

Un peu d’histoire …

A ses origines, la distillation apparut dans sa première forme chez les anciennes civilisations , plus particulièrement chez les égyptiens il y a plus de 6500 ans. Les premières techniques donnèrent des premiers essais qui furent balbutiants. En effet, on mettait les plantes récoltées à macérer dans un dissolvant approprié puis, on plaçait cette macération dans un récipient de terre chauffé, obturé par de la laine qu’il suffisait ensuite de presser soigneusement.

Au 11e siècle, Ibn Sina dit Avicenne (980-1037), médecin et philosophe perse, commença à préciser les règles de la distillation et mit en place la première forme d’alambic, proche encore de celle utilisée aujourd’hui.  Il obtint les premières huiles essentielles isolées par entraînement à la vapeur d’eau. Les croisés rapportèrent cette connaissance en Occident, puis, malgré de vives oppositions, les alchimistes perfectionnèrent ces techniques en inventant toutes sortes d’alambics à la suite du premier modèle.

Au 15siècle, ce sont les italiens qui développèrent parfumerie et cosmétiques pour établir la base d’un commerce et d’une mode qui n’ont jamais cessé d’évoluer depuis. De là, et ce jusqu’au 19e siècle, les pharmacies se remplirent de formules aromatiques et visèrent une utilisation médicinale plus évoluée des plantes.

Ce n’est qu’au 20e siècle que l’utilisation du parfum, réservé jusque là à la royauté et à la noblesse, s’étendit progressivement à la grande et à la petite bourgeoisie pour toucher enfin les couches populaires de la société. Cette période est caractérisée par l’essor de Grasse où se rencontrèrent les plus grands Nez du pays. Les lavandiculteurs se multiplièrent dans les Alpes de Haute-Provence et la lavande fine devint l’or bleu de cette région. Les agriculteurs s’enrichirent et la distillation se fit au départ avec des alambics ambulants puis les villages s’organisèrent en coopérative pour se munir d’alambics fixes où les lavandiculteurs venaient amener leur récolte pour la distiller. L’huile essentielle était ensuite vendue à Grasse, carrefour olfactif de l’époque.

De nos jours, l’essor prospère de la lavande fine a disparu. Poussé par le développement de l’industrie chimique dans les années 60, la culture extensive de lavandin (hybride entre lavande fine et lavande aspic) submerge le plateau de Valensole et toute la Provence. Ayant un rendement en huile essentielle plus important, les producteurs de Lavande fine sont alors en récession. Le lavandin est plus souvent utilisé dans la fabrication de produits ménagers car ses vertus thérapeutiques et sa fragrance sont incomparablement moins puissantes que celles de la lavande fine, en voie de disparition aujourd’hui.

Naissance de l’aromathérapie 

C’est au 20e siècle que le terme « aromathérapie »  apparut et que la discipline prit l’ampleur qu’on lui connait aujourd’hui. Son fondateur, René-Maurice Gattefossé  (1881-1950), chimiste français, découvrit la puissance des huiles essentielles en soignant, par hasard, sa main brûlée avec de l’huile essentielle de lavande fine. Ayant entrepris des études poussées dans cette discipline, cette thérapie se répandit très vite pour arriver jusqu’à notre époque.

Il est bon de connaître ses avantages mais aussi ses dangers, qui sont réels sans connaissance suffisante !

Distillation à la vapeur d’eau

Tout d’abord, il est important de souligner la différence entre l’essence et l’huile essentielle.
L’essence est ce qui est sécrété naturellement par la plante en vue de la protéger contre les agressions extérieures. L’huile essentielle est un extrait végétal de plante obtenu par distillation à la vapeur d’eau.

Distiller consiste à faire passer un courant de vapeur dans une cuve contenant les plantes. Sous l’action de l’humidité et de la chaleur, les poches à essence éclatent et libèrent l’essence devenue volatile.  Au passage dans un serpentin de refroidissement baignant dans de l’eau fraîche, cette vapeur se condense et retourne à l’état liquide. Ce mélange d’eau et d’huile essentielle est ensuite recueilli dans un décanteur (ou vase florentin) qui sépare les deux éléments du fait de la non-miscibilité eau/huile. L’huile surnage alors sur l’eau florale et elle est recueillie et mise en repos pour qu’elle se stabilise, ou autrement dit, pour que les molécules se réajustent entre elles. L’eau de distillation, appelée hydrolat (ou eau florale) est un aussi un produit intéressant car elle contient 1% d’huile essentielle. Cet hydrolat est souvent aussi utilisé en thérapeutique douce, en cosmétique, chez les enfants, en prévention vétérinaire et comme produit phytosanitaire.

L’alambic, un matériel de choix
L’alambic, de cuivre,  est constitué de 7 éléments : le foyer,  la cuve d’eau froide, la colonne, le col de cygne, le refroidisseur, le serpentin et le décanteur.

Plus précisément, le foyer est un four à bois avec allumage à gaz, sur lequel est posé la cuve remplie d’eau froide. Sur cette cuve, vient s’ajouter la colonne, contenant les plantes, et séparée par une grille perforée qui laisse passer la vapeur dans la colonne. Cette dernière est coiffée d’un chapiteau au sommet duquel le col de cygne vient se fixer. Ce tube permet d’acheminer la vapeur vers le refroidisseur, deuxième cuve remplie d’eau froide à l’intérieur de laquelle est immergé le serpentin par lequel la vapeur d’eau passe. Enfin, après s’être condensée, la vapeur devenue liquide vient se déposer dans le dernier élément, le décanteur, vase florentin ou essencier.

Tassement des plantes
Pour mener à bien une distillation, il faut au préalable bien tasser les plantes dans la cuve pour que la vapeur passe à travers toutes les plantes et entraîne avec elle les molécules aromatiques. Si les plantes sont mal tassées, la vapeur ne passe pas uniformément à travers elles.

L’huile essentielle obtenue sera alors moins riche en principes actifs et le rendement sera nettement plus faible.

 

Temps de distillation
Le temps de distillation, quant à lui, est variable mais n’est jamais inférieur à une heure. Communément, on dit qu’apparaît la tête puis le tronc et enfin la queue de l’huile essentielle.

Il faut alors poursuivre la distillation aussi longtemps que coule l’huile dans le décanteur  pour que la totalité des composants aromatiques soit présente car les molécules légères sortent avant les molécules plus lourdes.


Température et pression
Pour réaliser une bonne distillation, il est nécessaire de savoir utiliser et équilibrer la chaleur et la pression au sein de l’alambic.

Pendant la distillation, la température et la pression contenues dans l’alambic doivent être des plus faibles possible, soit environ 100°C pour une pression variable de 100 à 280 millibars pour les alambics professionnels.

Si la pression est trop élevée, la vapeur détruit les molécules, et la qualité de l’huile essentielle en est impactée.  Cependant, si la pression est trop faible, la vapeur redescend dans les plantes au lieu de s’acheminer vers le col de cygne. De ce fait, nous obtenons beaucoup moins d’huile essentielle en termes de quantité mais plutôt un hydrolat plus chargé en molécules aromatiques.

De plus, lorsque l’on distille, comme moi, au feu de bois, il est nécessaire de veiller à la régularité de la flamme continuellement pour assurer une température adéquate.
Si le feu n’est pas alimenté de manière constante, l’eau ne se transforme pas uniformément en vapeur, influençant directement sur les molécules.

Dispersion et condensation
Parallèlement, nous nous trouvons face au phénomène de solve et de coagula, à savoir, de dispersion et de condensation des molécules. La substance aromatique est en état de coagula au sein du végétal qui la renferme. Lors de la dispersion de la molécule aromatique générée par l’entraînement à la vapeur d’eau et à la chaleur, l’essence connaît un état relativement identique à celui du parfum qui se répand hors de la plante sous l’action du soleil. Elle devient en état de solve. Enfin, l’eau vaporisée refait de nouveau coagula en traversant le refroidisseur obligeant l’essence, par une condensation progressive, à passer de l’état gazeux à liquide : l’huile essentielle.

La distillation permet donc de passer de l’état coagula, essence de la plante, à l’état solve, essence éthérée, à un nouveau coagula mais purifié; l’huile essentielle.

Analyse de la qualité d’une huile essentielle
Une huile essentielle de bonne qualité est un équilibre subtil entre ses composés chimiques, son odeur et son taux vibratoire.

Pour connaître les composés biochimiques d’une huile essentielle, on réalise une chromatographie. Cette technique, mise en place dans un laboratoire spécialisé, permet de connaître le profil chimique d’une huile essentielle, c’est-à-dire les composants biochimiques qui la constituent. Elle permet en outre de savoir si ces molécules s’équilibrent entre elles ou si certaines se dominent.  Cette méthode va spécifier le produit et préciser son application thérapeutique.

Exemple –  Romarin officinal

Ses principaux constituants sont le 1,8 Cinéole (Oxyde) et le Bornéone (Cétone). Sa composition varie d’un lieu de cueillette à autre. Au Maroc, le 1,8 Cinéole prédomine alors qu’en Provence, en Corse et en Espagne, le 1,8 Cinéole est présent en plus d’un Ester, l’Acétate de bornyle, et un cétone, la Verbénone. En Languedoc, le romarin contient du 1,8 Cinéole et du Camphre.

Réputé comme un étant un régulateur des fonctions hépato-biliaires, cette différence biochimique se répercute sur son application thérapeutique. En effet, celui contenant du camphre à forte proportion est hépato-toxique et donc contre thérapeutique.

On en comprend pourquoi il est important tant pour le producteur que pour le consommateur que soit établie une analyse chromatographie nous renseignant sur le chémotype d’une huile essentielle.

Odeur de l’huile essentielle

L’odeur de l’huile joue aussi un rôle très important car plus l’arôme de l’huile essentielle est fin et complexe, plus la distillation a été menée dans de bonnes conditions et,  plus elle possède un pouvoir de guérison important au niveau émotionnel. Cette méthode de soin est appelée l’Olfactothérapie. Elle utilise principalement le pouvoir des odeurs pour travailler sur les émotions et sur la mémoire corporelle.

Qualité d’une huile essentielle : autres facteurs  

La qualité d’une huile essentielle varie aussi en fonction de la disponibilité intérieure de la personne qui cueille et distille la plante. A mon échelle, je considère la plante non comme un objet mais comme un être vivant à part entière avec qui je suis en interaction.

Chaque cueillette et chaque distillation est alors comme une rencontre avec la plante, comme une invitation au voyage dans le respect, la gratitude, l’attention et l’amour.

Cet échange crée une interférence électromagnétique favorable à l’utilisation thérapeutique future de l’huile essentielle. Il a été démontré scientifiquement qu’à l’instar des êtres humains, les plantes et les huiles essentielles ont la particularité d’émettre un rayonnement électromagnétique dont la longueur d’onde varie en fonction des molécules contenues, donnant un taux vibratoire et mesurable au pendule. Ces molécules vont recharger les organes en leur apportant des électrons, c’est ce qu’on appelle l’aromathérapie vibratoire. C’est donc un échange électrique entre la plante et l’être humain qui la cueille.